Manifestation du 16 mai 2004
Succès de la manifestation contre l’antisémitisme
www.crif.org - 23 Mai 2004 - 19h48 par CRIF
A l'appel de SOS-Racisme, du CRIF, de la LICRA, de Ni putes ni soumises, de
l’UEJF, et de nombreuses associations 30 000 personnes ont répondu présentes
à la grande marche contre l’antisémitisme dimanche 16 mai.
L’ensemble de la classe politique était présente. Bertrand Delanoë, Bernard
Kouchner, Georges Sarre, Dominique Strauss-Kahn et Anne Sinclair, Laurent
Fabius, François Hollande, Harlem Désir, le ministre de la Santé Philippe
Douste-Blazy, Corinne Lepage, Nicole Guedj, Noël Mamère.
Philippe Douste-Blazy, a lancé : «L'antisémitisme est une insulte à
l'Histoire, un affront à l'avenir. Ce n'est pas une idéologie, une prise de
position, c'est un délit et il est honteux d'être antisémite.» L’ancien
Premier ministre, Laurent Fabius, a condamné «la haine antisémite», assurant
: «Quand on se bat pour protéger les droits d'une minorité, on se bat pour
protéger les droits de toutes les minorités.»
«Dans le passé, a reconnu François Hollande, nous n'avons pas toujours été
à la hauteur de l'événement. Que toute sensibilité soit là, c'est bien.»
«Ce qui compte, c'est faire comprendre que l'antisémitisme n'est pas un
racisme comme les autres. Cette manifestation est tout sauf un réflexe
communautaire, c'est citoyen», estime Michel Zaoui, membre du Bureau exécutif
du CRIF. L'universitaire Jacques Tarnero constate que «maintenant, l'antisémitisme
s'est propagé au nom de l'antiracisme».
Dans son éditorial, Libération indique : « Les chiffres [de l’antisémitisme]
augmentent non seulement parce qu'il y a toujours dans ce pays un noyau dur
d'activistes d'extrême droite et néonazis, mais aussi parce que des militants
antisionistes, le plus souvent de culture islamique, se laissent de plus en plus
aller à des paroles ou des actes antisémites. »
Devant le monument aux morts israélites souillé à Fleury-devant-Douaumont
(Meuse), le ministre délégué aux Anciens Combattants, Hamlaoui Mekachera, a
lu en présence de Jean Kahn, président du Consistoire central, un message de
Jacques Chirac: «L'antisémitisme, le racisme, la haine de l'autre, sont
profondément contraires aux valeurs que tous les Français ont en partage.»
Pour contrer les attaques, une circulaire «a été envoyée à l'ensemble des
préfets des départements pour renforcer les moyens de protection autour de
sites particulièrement sensibles».
Dans une tribune au Figaro, L'antisémitisme
ne passera pas ! , Jean-Christophe Cambadélis, Député socialiste de
Paris, crie « Assez », «assez d’actes antisémites » et appelle la gauche
à se mobiliser. « Non, on ne peut plus au nom du racisme maghrébin proférer
l'indulgence des mots. Non, on ne peut pas, alors que le racisme antisémite qui
se voulait scientifiquement fondé a été détruit par la science elle-même,
racialiser le conflit au Moyen-Orient. Non, on ne peut déclarer contrit que
l'antisémitisme, pour regrettable qu'il soit, a sa source là-bas. Et quand
bien même il aurait sa source là-bas, sa réalité est là. (…) L'antisémitisme
est inexcusable ! Intolérable ! Indéfendable ! Il doit être combattu avec
fermeté, sans complexe, sans faux-semblant. (…) »
Hier
à Paris, deux cortèges (Le Parisien) ; Plusieurs
milliers de personnes ont défilé contre l'antisémitisme (Le Figaro) ; Antisémitisme:
la France sort de l'apathie (Libération) ; Contre l’antisémitisme, la
rue montre son inquiétude (France Soir) ; A Paris, ils ont marché contre
l’antisémitisme (L’Humanité) ; Un
défilé très républicain contre le retour de l'antisémitisme (Le Monde).
Contre
l’antisémitisme, je marche !
www.crif.org - 23 Mai 2004 - 19h48 Par CRIF
Sous le slogan
unitaire « Contre l’antisémitisme, je marche ! », la manifestation initiée
par SOS-Racisme avec le concours de « Ni putes ni soumises », de la FIDL, de
l’UEJF, du CRIF et de la LICRA a connu, dimanche 16 mai, un remarquable succès.
Trente mille personnes se sont retrouvées pour défiler, drapeaux nationaux
français brandis, sous le soleil et dans une ambiance musicale bon enfant, de
la place de la République à celle de la Bastille.
Autour de Dominique Sopo, président de SOS-Racisme, Fadéla Amara, présidente
de Ni putes ni soumises, de Patrick Gaubert, président de la LICRA, et de Roger
Cukierman, président du CRIF, réélu le matin même, la classe politique française,
toutes tendances confondues, a répondu présent.
On notait la présence du ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, de la
Secrétaire d’Etat aux droits des victimes, Nicole Guedj, du Maire de Paris,
Bertrand Delanoë, du président de l’UDF, François Bayrou, du premier secrétaire
du PS, François Hollande, des anciens ministres (Laurent Fabius, Claude
Goasguen, Bernard Kouchner, Jack Lang, Corinne Lepage, Georges Sarre, Lionel
Stoleru, Dominique Strauss-Kahn) et de nombreux représentants des partis
politiques parmi lesquels Jeannette Bougrab et Laurent Dominati (UMP), Pierre
Aidenbaum, Patrick Bloche, Lyne Cohen-Solal et Harlem Désir (PS), Marielle de
Sarnez (UDF), Jean-Jacques Curiel (PR), Christiane Taubira (PRG), …
Alors que Marek Halter côtoyait Anne Sinclair, Elie Chouraqui et Claude
Lanzman, les représentants des religions se retrouvaient : le Grand rabbin de
Paris, David Messas, le rabbin de Ris-Orangis Michel Serfaty, le père Patrick
Desbois, secrétaire de la commission de l’épiscopat chargé des relations
avec le judaïsme, le pasteur Florence Taubmann, représentant le pasteur
Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, et
Karim-Hervé Benkamla, représentant du Recteur de l’Institut musulman de la
Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur.
Outre son nouveau président, le CRIF qui défilait sous deux bannières derrière
lesquelles s’étaient rassemblés des dizaines de représentants
d’associations membres, était notamment représenté par plusieurs membres du
Bureau Exécutif (Jean-Pierre Allali, Ariel Goldman, Francis Kalifat, Gérard
Unger, Michel Zaoui …), du Comité directeur (Arié Benshemoun, Bernard
Kanovitch, Pierre Lévy, Joseph Roubache, Guy Wallier, Clément Yana …), et
par son directeur général, Haïm Musicant.
À l’arrivée, après plusieurs heures de marche, sans aucun incident, sur un
podium dressé sur la Place de la Bastille, Patrick Klugman, vice-président de
SOS-Racisme et maître d’œuvre de la cérémonie, après avoir égrené les
noms des dizaines d’associations participantes, a donné la parole à de
nombreux intervenants : Dominique Sopo s’est écrié : « On ne peut pas
laisser faire sans réaction. ». Patrick Gaubert a déclaré : « Manifester ne
sert à rien si on n'agit pas au jour le jour. ». Roger Cukierman a déclaré :
« Nous sommes les enfants de la République, tous citoyens égaux en droits et
en devoirs…L’antisémitisme, qui ressurgit des égouts de l’Histoire,
menace les valeurs fondamentales de la société française. Attaquer le Juifs,
c’est attaquer la France. ». Yonathan Arfi, président de l’UEJF, lui, a
estimé que s’il y a des jours où les Juifs se sentent seuls, il y en a,
comme aujourd’hui, où ils se sentent épaulés, soutenus, compris ». Marek
Halter, rappelant une anecdote du folklore yiddish de son enfance, s’est taillé
un franc succès en entraînant la foule à pousser un grand cri à l’adresse
du Ciel pour que cesse enfin l’antisémitisme. Pierre Shapira, adjoint au
maire de Paris, a rappelé la politique pédagogique de la ville qui appose des
plaques commémoratives dans de nombreux lycées et pour qui « il faut rester
vigilants face à un combat, hélas, toujours d’actualité », avnat de céder
la place à un représentant des DOM-TOM, un représentant de l’UFAL,
plusieurs représentants d’associations africaines. Nicole Borvo, du Parti
communiste, a évoqué la mémoire des milliers de Juifs communistes morts en déportation,
estimant que la lutte contre l’antisémitisme est « un enjeu fondamental pour
les démocraties ». Pour Fadéla Amara, la lutte pour l’éradication du fléau
antisémite passe par les écoles, les collèges et les cités où l’islamisme
est à l’origine de beaucoup de dégâts ». Jeannette Bougrab, pour l’UMP
et Abderahmane Dahmame, pour le Centre des Démocrates Musulmans ont été les
derniers intervenants. La manifestation s’est dispersée dans le calme après
la Marseillaise.
« Ceux qui, au sein de la communauté juive, avaient critiqué, voire dénigré
le principe de cette action unitaire et ceux qui, MRAP et LDH en tête,
voulaient étendre les mots d’ordre à tous les racismes et ont fini,
piteusement, par se greffer, à quelques centaines, en queue de cortège, à une
manifestation qu’ils n’avaient pas cessé de fustiger, en seront pour leurs
frais et devront reconnaître leur erreur », analyse Jean-Pierre Allali.
Ils n’ont pas vu la même manifestation
www.crif.org - 23 Mai 2004 - 19h48 par Anne Lishfitz-Krams
Réussite ou échec ? Alors que Sylvain ATTAL, sur Proche-Orient.info tente
d’analyser « les raisons d’un échec », Libération titre « La France
sort de l’apathie » et le Monde parle d’un « défilé très républicain
contre le retour de l'antisémitisme ». Dans Libération, Sandrine CABUT et
Danielle LICHT prétendent que « A 15 heures toutefois, la place de la République
est plutôt vide et silencieuse » (tous ceux qui y étaient apprécieront !)
tandis que le Figaro note que « plusieurs milliers de personnes ont défilé ».
Pour les organisateurs, les choses étaient claires : il y avait une seule
manifestation contre l’antisémitisme appelée par SOS Racisme, l’UEJF, le
CRIF, la Licra, la Fidel auxquels s’étaient joints quelques autres
organisations. L’appel à manifester « contre tous les racisme » lancé par
le MRAP, la LCR, la LDH, les Verts et quelques autres était une
contre-manifestation. D’ailleurs, ils s’étaient donné rendez-vous à la
Bourse du travail, sur le trajet de la manifestation principale. Alors que
presque toutes les chaînes de télévision et presque tous les journaux ont
signalé qu’il y avait deux cortèges et expliqué les dissensions entre les
organisateurs et les autres mouvements, Claire CHAZAL s’est obstinée sur TF1
samedi et dimanche à parler d’une « manifestation contre le racisme et
l’antisémitisme à l’appel de SOS racisme, du MRAP et de la LDH ». Elle a
même, en illustration, proposé samedi un reportage sur les néo-nazis en
Russie dont le thème principal était le racisme anti-noir dans ce pays.
Les Parisiens ont donné aux tentatives de détourner le sens de la
manifestation la seule réponse possible, la démonstration par le ridicule : 20
à 30.000 personnes sous la bannière de SOS racisme, quelques centaines (à
peine 150 selon quelques observateurs) dans le deuxième cortège. Le Monde préfère
expliquer que « reconnaissant l'impossibilité pour elles d'être totalement
absentes de la grande réaction de rue aux récentes profanations de tombes
juives, le MRAP et la LDH ainsi que la Ligue communiste révolutionnaire (LCR)
et les Verts, ont fait le choix d'une présence symbolique en fin de cortège et
d'une dispersion avant son terme ». Interprétation démentie par le communiqué
des Verts (http://www.lesverts.fr/article.php3?id_article=1410) qui ne laisse
aucun doute sur l’humeur batailleuse de cette organisation : « Mais cette
manifestation peut être l’objet de dérives : danger de présence d’extrémistes
s’en prenant au MRAP, voire aux Verts... danger d’un dévoiement de la
manifestation vers un soutien à l’état d’Israël et vers la stigmatisation
des jeunes d’origine maghrébine. Il est donc important qu’un maximum de
Verts soit présent pour avec les militants de la LDH, du MRAP, du Groupe des
10, du PC, de la LCR... élargir la tonalité de la manifestation », comme elle
est démentie par le communiqué commun de ces associations : « Contre
l’antisémitisme, contre tous les racismes et contre toutes les
discriminations, nous ferons du 16 mai 2004 la répétition d’une prochaine
initiative encore plus forte et encore plus unitaire ».
Le commentaire de Jean-Christophe CAMBADELIS, député socialiste, dans le
Figaro du 17 mai 2004, devant ce qu’il nomme « la cote d'alerte de la
confusion à gauche » - qui a été atteinte, dit-il avec l’enrôlement de
Maurice RAJFUS dans une liste Europalestine aux côtés de Dieudonné – est à
cet égard cinglant : « La gauche oscille entre le soutien à la deuxième
Intifada comme préalable à toute réelle lutte antisémite et le renvoi de
chacun dos à dos. Ce désengagement au nom des blessures du monde devient le
paravent de l'indifférence. Qui accepterait de subordonner la réprobation
d'actes anti-Maghrébins à la condamnation du Hamas ou du Hezbollah ? Cela n'a
pas de sens. Nous sommes antiracistes sans condition. La gauche doit distinguer
une position de principe, le refus de l'antisémitisme, et le débat politique
au Proche-Orient. Sur ce dernier point, elle se doit de soutenir le chemin de la
paix. Mais elle devrait le faire en sachant que l'on ne peut réclamer la paix
en prononçant des mots de guerre contre l'une ou l'autre partie ».
Où était Noël MAMERE quand il a été pris à parti ? Entre les deux cortèges
selon les uns, sur la place de la République selon d’autres. Finalement, peu
importe, cette agression était aussi injustifiable que le communiqué de son
mouvement.