UNIVERSITES

 

DIEUDONNE à Nanterre communiqué d'EURO PALESTINE

DIEUDONNE à Nanterre la version de Catheriene COHEN.

Le vote de la motion le 16 décembre 2002.

La première mise en garde par Gérard HUBER.

Le bloc-note de B-H.L le 2 janvier 2003.

L'université de Grenoble prend la relève.

Heureusement, Grenoble a changé d'avis.

Ce qui se passe dans les fac.

Attention, ça continue

Dans l'école de la République.

 

 

APRES LE SUCCES DU MEETING A PARIS X/NANTERRE : UNE BELLE DECONVENUE POUR LES INCITATEURS A LA HAINE RACIALE

Communiqué officiel d'EURO PALESTINE après le meeting tenu dans l'unviersité de Nanterre.

 

Le meeting organisé mercredi par l’Association Générale des Etudiants de Nanterre (AGEN), avec la participation de Dieudonné pour la liste Euro-Palestine, ainsi que de la CAPJPO, n’a pas été seulement un grand succès, par son affluence (plus de 800 personnes), ou la qualité des interventions.

Il a aussi représenté un cinglant échec pour la bande de provocateurs et d’incitateurs à la haine raciale, antijuive compris, que constitue l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF), sa section nanterroise en tout cas.

L’UEJF s’était ainsi opposée à la tenue même de ce meeting, réclamant officiellement, mais heureusement sans succès, son interdiction, auprès de l’autorité universitaire.

Dépités, les militants de l’UEJF s’étaient ensuite mobilisés, avec l’objectif ouvert et avoué de perturber le déroulement de la réunion. La présidence de l’Université, alertée, avait alors constitué un service d’ordre à l’entrée de l’amphithéâtre, pour interdire l’accès de la salle aux provocateurs notoires.

Les militants de l’AGEN connaissent de ce point de vue au moins quatre membres de l’UEJF Nanterre impliqués dans des incidents avec violences, et ils avaient décidé, à juste titre, de ne pas les laisser entrer. Ce qui fut fait, et le meeting se déroula dans d’excellentes conditions, permettant à des points de vue opposés de s’exprimer, qu’il s’agisse de celui d’un étudiant pas d’accord avec le parallèle établi entre Israël et apartheid sud-africain, ou d’un autre reprochant à la liste Euro-Palestine de ne pas avoir de dimension « islamique »

Les trublions sont donc restés à la porte, non sans pousser quelques hurlements (dont « Dieudo Facho, les Juifs auront ta peau »), et en tambourinant sur les vitres.

Figuraient parmi eux le nommé Benjamin Cymerman, responsable national à l’UEJF, cité dans la procédure judiciaire ouverte après l’agression dont ont été victimes quatre étudiants de l’AGEN le 30 décembre dernier, dans l’enceinte même d’un tribunal.

Et on eut mercredi un nouvel aperçu des talents de provocateur de l’individu. A l’étudiante de l’AGEN qui lui signifiait qu’il n’entrerait pas dans la salle, compte-tenu de sa volonté affichée de semer le désordre, Cymerman déclara, devant témoins : « Pourquoi tu ne veux pas me laisser entrer ? C’est parce que je suis juif ? C’est parce que j’ai un gros nez ? » Et dire que ce sont les mêmes qui osent organiser des défilés « contre l’antisémitisme » ! Il a fallu beaucoup d’abnégation au service d’ordre pour que Cymerman ne prenne pas la claque qu’il aurait amplement méritée.

On passera, par décence, sur d’autres déclarations obscènes, publiées sur internet par les mêmes, et véhiculant les mêmes insinuations sur « l’air juif » de tel ou tel individu.

 

20 mai 2004
DIEUDONNÉ, LA CAPJPO ET L'AGEN EN CAMPAGNE POUR LES EUROPÉENNES À LA FAC DE  NANTERRE
Un meeting électoral de « Euro - Palestine » mené à coup de canettes de bière contre ses opposants 

Par Catherine Cohen


L'université, en France, échappe-t-elle aux lois de la République ? Alors que le gouvernement met sur pied des actions pour lutter contre l'antisémitisme, les responsables de la Faculté de Nanterre autorisent la tenue d'un meeting où ont été dénoncés les « sbires du sionisme » et où l'un des auditeurs a été mis dehors sous les huées de « barre-toi sale feujard ».
La police, présente, avait pour ordre de protéger Dieudonné. Le service d'ordre de Nanterre a, lui, quasi systématiquement refoulé tous les étudiants de l'UEJF.

Dès l'entrée, une affiche collée derrière l'estrade donne le ton : « À bas la terreur sioniste ». Pas de quoi surprendre puisque le bâtiment D de la faculté de Nanterre est le fief de l'AGEN - l'Association Générale des Étudiants de Nanterre - un syndicat d'extrême-gauche antisioniste selon qui « désormais, la lutte contre le terrorisme rétablit l'image coloniale d'un ennemi de l'intérieur reconnaissable à sa différence culturelle, à son origine ethnique ». L'amphithéâtre D1 fait salle comble, il y a des étudiants d'origines diverses, mais aussi quelques jeunes filles voilées. À la tribune, Dieudonné est aux côtés de Nicolas Shahshahani de la CAPJPO (Coordinations des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient), et de Romain Heurteau, président de l'AGEN et organisateur de l'événement.

Tous sont là pour un meeting-débat intitulé « Quel anti-racisme aujourd'hui ? ». Mais c'est sous un jet de canettes et sous les cris de « barre-toi sale feujard », ou « sionistes, fascistes, c'est vous les terroristes » que Ludovic devra quitter la salle, encadré par le service d'ordre de l'université. Son seul tort : avoir un avis différent de celui de la plupart des participants - avis qu'il n'a d'ailleurs guère eu le loisir de développer, son micro ayant été coupé. Quelques secondes auparavant, son ami Yvon, lui aussi sympathisant de l'Union des Étudiants Juifs de France (UEJF), venait d'expliquer que, d'origine africaine, il avait grandi en Israël où il s'était fait des amis palestiniens et que l'amalgame entre la situation au Proche-Orient et l'Afrique du Sud de l'apartheid n'est pas tolérable. Le président de l'AGEN avait répondu par ces mots : «Ouais. Israël c'est le pays merveilleux de Candy, Israéliens et Palestiniens mangent et s'amusent ensemble ».

Plusieurs membres de l'UEJF affirment avoir été systématiquement repoussés chaque fois que l'un d'eux tentait d'entrer dans la salle. L'organisation dénonce un racisme contre les étudiants juifs ; la direction de la faculté, elle, parle de mesures de sécurité. Olivier Audéoud, président de Paris X, s'en est expliqué à l'AFP : il avait donné des ordres « si des personnes d'un côté ou de l'autre étaient excitées, ou identifiées comme appartenant au Betar, elles ne rentraient pas". Le problème, c'est que ce sont des membres de l'AGEN qui désignaient au service de sécurité qui pouvait passer ou pas. Déborah affirme avoir fait les frais de la
méthode. Selon elle, la direction de la fac a peur des mouvements d'extrême-gauche.

Car en fait de meeting-débat sur le racisme, il s'agissait surtout de lancer la campagne de la liste Euro-Palestine qui se présente aux élections européennes du 13 juin prochain. Dieudonné y figure en seconde position tandis que d'autres personnalités comme Djamel Debbouze ou la chanteuse Princesse Erika, selon la CAPJPO, la soutiennent. On en profite donc pour lancer un appel aux bonnes volontés : « Nous avons besoin de colleurs d'affiches et de fonds pour imprimer les bulletins de vote ». Le site Internet de la campagne proclame « La paix en Europe passe par la justice au Proche-Orient ». Ce qui tombe plutôt bien pour l'AGEN, à l'origine de l'événement. Car, faute d'une solution au conflit israélo-palestinien, l'Association Générale des Étudiants de Nanterre est bien en guerre, ici en France, contre « les sbires du sionisme », le CRIF ou même l'UEJF, accusés de couvrir les dérapages de mouvements plus radicaux comme la Ligue de Défense Juive ou le Bétar. D'après Nicolas Shahshahni, la question du Proche-Orient en France est minée par « le chantage à l'antisémitisme ». Et quand Dieudonné parle de la chanteuse Shirel traitée de « sale juive » lors d'un concert, c'est pour railler les ministres qui lui téléphonent pour «pleurnicher » avec elle, « alors que quand une adolescente marocaine est agressée dans un de mes spectacles, la presse n'en parle pas ». Des propos qui déclenchent les vifs applaudissements d'un public déjà acquis.

Mais les organisations juives ne sont pas les seules cibles des orateurs. Il y a aussi SOS Racisme, à l'origine de la marche à Paris, le 16 mai dernier, contre l'antisémitisme. Pour Farah, militante à l'AGEN, « la main jaune touche pas à mon pote s'est transformée en claque aux jeunes issus de l'immigration ». Ironie de l'histoire, la police, dénoncée elle aussi par Dieudonné et ses amis pour ses trop nombreuses violences envers les jeunes, s'est déployée à la sortie de l'amphithéâtre D1. Mais, cette fois ci, elle avait pour mission de protéger, à la demande de l'Université, l'humoriste Dieudonné.

 

Tout commence par une motion votée à Paris 6, université de Pierre et Marie Curie, campus de Jussieu.

Le texte de la Motion votée par le CA de Paris 6 lundi 16 décembre 2002.

 

"L'occupation israélienne des territoires de Cisjordanie et de Gaza rend impossible l'activité d'enseignement supérieur et de recherche de nos collègues palestiniens : le renouvellement de l'accord d'association Union Européenne - Israël, en particulier en matière de recherche (6 ème PCRDT), constituerait un soutien à la politique actuelle de l'Etat israélien et serait en contradiction avec l'article 2 de cet accord (" les relations entre les parties, de même que toutes les dispositions du présent accord, se fondent sur le respect des droits de l'Homme et des principes démocratiques qui inspire leurs politiques internes et internationales et qui constitue un élément essentiel du présent accord").

En conséquence, le conseil d'administration de l'Université Pierre et Marie Curie :

Gérard HUBER nous informait.

Le Figaro, 26 décembre 2002, Gérard HUBER, Psychanalyste

 

ISRAËL Faut-il interrompre la coopération scientifique avec l'État hébreu ? Un absurde boycott des cerveaux

La motion adoptée le 16 décembre par 22 voix contre 4 et 6 abstentions lors d'un vote du conseil d'administration de l'université Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI) demande à l'Union européenne de ne pas renouveler son accord-cadre de coopération universitaire avec Israël (NDLR : à cause de sa politique palestinienne). Cette motion est absurde et exige une condamnation sans appel.

1. La Science et l'Université n'ont pas de frontière. Toute ingérence des scientifiques et des universitaires comme tels dans la politique du pays ou de l'Union auquel ils appartiennent consiste de facto à se substituer aux représentants élus pour l'exécuter.

2. La Science et l'Université doivent se garder de tout assujettissement à quelque idéologie que ce soit. Lorsque cette tentation l'a emporté dans le passé, comme en URSS, en Allemagne ou en Chine, la connaissance et l'éducation se sont trouvées jetées dans une situation désastreuse.

3. L'Université n'est pas un bastion où l'enjeu consisterait à exercer un pouvoir politique.

4. Le conseil d'administration de Paris-VI ouvre une boîte de Pandore qui, peu ou prou, causera un tort considérable à l'université française, puisqu'il invite de facto à une prise de position des autres conseils d'administration des universités françaises et européennes.

5. La Science et l'Université doivent se garder de tomber dans le fantasme de l'exclusion, qui consiste à croire que, parce qu'on aura éliminé tel ou tel, on parviendra à une épuration juste et durable, fondée en raison.

6. Les scientifiques et universitaires israéliens et palestiniens ont besoin de la solidarité de leurs collègues européens et non d'une attitude discriminante, qui, au nom d'une analyse bâclée de la situation géopolitique locale, serait un facteur supplémentaire d'aveuglement et de haine.

 

B-H.L prenait la relève dans son bloc-note.

Le Point , 02 janvier 2003, le bloc-note de Bernard-Henri LEVY.

Il a souhaité que la plus large diffusion possible en soit faite.

Même s'il est passé inaperçu, c'est l'un des événements majeurs de ces derniers jours : une grande université, Paris VI, vient de se prononcer en faveur du " non renouvellement de l'accord de coopération universitaire entre l'Union européenne et Israël " -en un mot, pour le boycott des universités israéliennes.

 Je passe sur le camouflet infligé de la sorte à une diplomatie française qui venait, par la bouche de Dominique de Villepin, de dire la " volonté très forte " d'intensifier les relations bilatérales entre les deux pays ".

 Je ne m'attarderais pas -à quoi bon ?- sur l'indignation sélective de " défenseurs du droit " que je n'ai jamais entendus exiger le boycott des "accords de coopération " avec la Chine (l'occupation du Tibet dure depuis plus de 50 ans), la Russie (Poutine, en Tchétchènie, n'occupe pas Groznyï, il la rase), le Soudan (je n'arrive pas à me faire à l'idée que les millions d'animistes et de chrétiens exterminés, dans les Monts Noubas, par le régime islamiste de Khartoum n'aient pas droit au millionième de la compassion dont bénéficient -à juste titre- les 2070 morts palestiniens de l'Intifada).

 Et la vérité est que j'ai renoncé à m'étonner de cet étrange deux poids et deux mesures qui est automatiquement de mise dès lors qu'il est question d'Israël : de n'importe quel autre pays, on prendrait la peine de se demander pourquoi il adopte telle ou telle mesure sécuritaire ou militaire ; dans n'importe quelle autre situation, on s'interrogerait sur la façon -sans doute y en a-t-il d'autres- de riposter aux attentats suicides et aux massacres de civils dans les bus, les cafés, les centres commerciaux et les universités ; mais le propos, là, est ailleurs ; le but, le seul but, semble être, une fois de plus, de punir, réprouver, diaboliser, mettre un pays entier au ban des nations civilisées.

 Car là est le point essentiel.


 Le plus inquiétant, dans la décision prise, c'est qu'elle émane de gens qui n'ont visiblement aucune idée de la place, en Israël, de ces universités avec lesquelles ils appellent à rompre.

 

 Le plus navrant, c'est qu'elle ignore ou feint d'ignorer que ces universités sont un lieu, non seulement, bien sûr, de recherche, mais de pensée libre, de travail critique, d'insubordination intellectuelle et morale, de réflexion sur la mémoire, les mythes fondateurs, l'idéologie du pays -souvenons-nous des " nouveaux historiens ".

 Le plus accablant c'est que, dans ce Proche-Orient en guerre, dans ce paysage politique dévasté par le fanatisme et la haine, les universités de Jérusalem ou de Beersheba sont les seules de la région où se retrouvent toutes les communautés sans exclusive : juifs, mais aussi arabes chrétiens et musulmans, nationalistes palestiniens, Druzes -n'est-ce pas très exactement ce que venait chercher le lumineux David Gritz, cet étudiant français mortellement touché, en juillet dernier, par une bombe à clous jetée dans la cafétéria d'une des universités que l'on veut aujourd'hui boycotter ?

 Si j'étais d'humeur polémique, je dirais qu'en procédant ainsi, en cousant dans le même sac le colon et l'étudiant martyr, le partisan du Grand Israël et les intellectuels anti-Sharon qui plaident pour le partage de la terre, nos boycotteurs parisiens raisonnent comme les plus fanatiques des extrémistes palestiniens : ceux pour qui Israël est un bloc, et doit être haï en bloc ; ceux pour qui tout citoyen israélien est un militaire en puissance et doit être combattu comme tel. Je rappellerais à ces procureurs que l'université française n'a pas bronché, jadis, quand des lois scélérates permirent d'expulser de son sein Emile Benveniste, Marc Bloch, Jean Wahl. Je leur ferais observer, par parenthèse, qu'elle est la seule institution républicaine qui, au pays de la repentance généralisée, n'a jamais esquissé un geste de regret pour cette faute. Et je m'inquiéterais de la voir, soixante-trois ans après, renouer avec la honte en mettant hors-la-loi, cette fois, des universités entières. 

Comme je souhaite d'abord convaincre, comme je sais que Paris VII, puis d'autres, seront saisies, dans les prochains jours, de projets de résolutions similaires, je veux surtout rappeler que ces universités démonisées sont le coeur battant de ce qu'il est convenu, à Tel-Aviv, d'appeler le camp de la paix et que la décision de couper les ponts avec elles serait un gigantesque faux pas dans la direction, non de la paix, mais de la guerre. Je suis allé à Bir-Zeït, là où l'on caillassa un Premier ministre coupable d'avoir dit ce qu'il pensait de la politique du Hezbollah. J'ai visité, à Naplouse, cette autre université palestinienne de Al-Najah avec laquelle le même Paris VI envisage, apparemment sans trop de problèmes, de nouer des " accords de coopération " et qui se trouve être, du propre aveu des chefs du Hamas, une de leur meilleure " usine à martyrs ". Puisse l'université française ne pas se tromper, une fois encore, de combat. Puisse-t-elle prendre la mesure de l'erreur qu'elle commettrait en prétendant isoler, transformer en ghettos, les seules universités démocratiques de la région. Ce serait une honte. Mais ce serait, aussi, un nouveau coup porté à la paix.

 

D'autres universités suivaient la démarche lancée par Paris6.

L'UEJF dénonce un boycott d'Israël "en catimini" à l'Université Grenoble II.

 

En dépit de la mobilisation des dizaines de milliers d’universitaires, de plusieurs prix Nobel, du Ministre de l’Education nationale, du Quai d’Orsay, de l’UNEF (premier syndicat étudiant français), et de l’UEJF, le Conseil d’Administration de l’Université grenobloise Pierre Mendés France (Grenoble 2), a voté à son tour une motion demandant à l’Union Européenne de ne pas renouveler son accord cadre de coopération universitaire avec Israël.

 

Le Conseil d’administration de l’Université Paris X Nanterre devrait être saisi de la même question lors de sa prochaine séance.

 

[...] la motion a été déposée, comme à Paris 6, par surprise «en catimini», alors que le quorum du conseil n’était même pas atteint, c'est-à-dire qu’il ne pouvait délibérer.

 

L’UEJF [...] demande à être reçue en urgence par le Ministre de l’éducation nationale et la Conférence des Présidents d’Université afin que soit déposé dans toutes les Universités françaises une motion similaire à celle adoptée par l’Université Paris VII le 7 janvier dernier rappelant les principes fondamentaux gouvernant l’enseignement supérieur. L’UEJF va par ailleurs, entamer des actions judiciaires devant les tribunaux administratifs pour faire annuler ces motions en raison de leur illégalité. [...]

 

Grenoble II : changement de position de la présidence
Apres intervention du CRIF et de l'UEJF, la présidence de Grenoble II change d'avis. Article du CRIF.

 

Suite à la rencontre du 20 janvier 2003 entre une délégation de l’UEJF, de Jean Luc MEDINA, président du CRIF Grenoble Isère, et de Monsieur Claude COURLET, président de l’Université Pierre Mendès-France, le CRIF Grenoble-Isère a pris acte :
- de la reconnaissance par le Président COURLET du caractère ambigu de la motion adoptée le 10 janvier dernier « sans quorum et à titre indicatif » selon les termes employés par la présidence de l’Université.
- de l’engagement personnel du Président COURLET contre toute motion appelant explicitement ou implicitement au boycott des relations universitaires avec l’Etat d’Israël.

Le CRIF Grenoble-Isère a pris connaissance du nouveau communiqué de presse de la présidence publié le 21 Janvier 2003.

Le CRIF Grenoble Isère constate que les engagements pris la veille ont été tenus et que le Président COURLET engagera son conseil d’administration du mois de Février prochain à renforcer les accords avec toutes les universités dans le monde et ce y compris les universités israéliennes.

Le CRIF Grenoble Isère suivra avec une vigilance particulière les prochains développements de ce dossier.

 

L'intifada des campus

Le Monde - 22 janvier 2003 par Paul Bernard et Patrick Klugman.

Paul Bernard est secrétaire national de l'union des étudiants juifs de france (UEJF). Patrick Klugman est président de l'UEJF.

"Sionistes, fascistes, hors des facs !" On entend ces cris sur de nombreux campus français. Ils ne s'adressent pas à des militants mais à des étudiants qui ne sont plus comme les autres depuis qu'ils reçoivent des menaces de cet ordre. La tentation a longtemps été forte d'ignorer ces intimidations, de les tenir pour l'expression négligeable d'une ignorance haineuse qui est de tous les temps. A cela se joignait un réflexe devenu traditionnel chez nos coreligionnaires : la crainte qu'une trop grande publicité donnée aux actes dont ils sont les victimes ne finisse par se retourner contre eux.

Mais le silence n'est plus un refuge. La haine des juifs est devenue un fait statistique dans les universités françaises. Trois cocktails molotov ont été lancés sur le local de notre association à l'université de Jussieu. Un étudiant juif de l'université de Saint-Denis a été roué de coups parce qu'il s'était étonné de la présence, dans le hall de la faculté, d'un immense panneau sur lequel on avait dessiné une étoile de David fondue dans une croix gammée. Un professeur d'une université de la région parisienne a dû interrompre son cours, sous les menaces, parce qu'il traitait de la Shoah. La liste de ces anecdotes pourrait être assez longue pour leur ôter tout caractère anecdotique.

Quelque chose s'est produit, dont l'aveu nous coûte, parce que nous aimons notre pays : les étudiants juifs de France ont peur. N'exagérons pas l'importance de cette peur : nous ne ferons pas aux victimes des persécutions passées l'outrage de comparer ce qu'elles ont vécu avec ce qui nous arrive aujourd'hui. Mais il est de moins en moins indifférent, sur nos campus, de porter un nom juif, de respecter les règles du judaïsme, ou d'arborer, en guise de bijou, une lettre hébraïque.

Les juifs redeviennent, comme au temps de l'antisémitisme triomphant, coupables de tous les maux. Il n'est guère d'événement social, militaire ou politique, de drame national ou international, dont on ne les tienne responsables.

Les étudiants juifs sont constamment pris à partie sur les menaces de guerre en Irak. Parce qu'ils sont juifs, on les somme de s'expliquer (cette injonction leur est parfois, comme à l'université de Nanterre, adressée par écrit) sur les choix stratégiques du président Bush.

Que peuvent-ils répondre, sinon qu'ils sont fatigués de porter le poids du monde sur leurs épaules, qu'ils aimeraient ne plus avoir à souffrir de ce qu'ils sont, qu'ils demandent que leur soit départi un peu de cette innocence et de cette irresponsabilité si généreusement accordées à tous ceux qui ont leur âge ? Ils voudraient simplement ne plus être comptables de tout, et c'est un sentiment de lassitude plutôt que d'exaspération que nous exprimons en leur nom, en disant que, maintenant, nous en avons assez.

Nous en avons assez d'être les victimes d'une obsession. Nous en avons assez d'être agressés par ceux qui, par désoeuvrement autant que par idéalisme, par paresse autant que par conviction, croient avoir trouvé leur Vietnam dans une Palestine qui est plus un prétexte qu'une cause.

Nous en avons assez que, pour ceux-là, la Palestine, l'Irak et la "mondialisation" ne soient qu'un seul conflit, contre un seul ennemi : le juif. Nous en avons assez de voir le droit inaliénable des Palestiniens à disposer d'un Etat souverain, pour lequel nous sommes prêts à militer, dévoyé au profit d'un délire où s'exaltent les thèmes les plus abjects de l'antisémitisme millénaire. Nous en avons assez d'entendre des allusions à notre richesse prétendue, à notre pouvoir supposé. Nous en avons assez de voir souillés les mots de "paix" et de "justice" qui servent à justifier l'idéologie de la mort et le suicide mis au service du meurtre.

Au nom de la Palestine, tout est permis. A l'université Paris-X, on organise, sous le regard bienveillant de l'administration, une "Journée de la terre" (palestinienne, bien sûr, il n'y a pas d'autre terre) au cours de laquelle une jeune femme déclare, sous les applaudissements de plusieurs centaines de personnes : " Je suis prête à me faire exploser !" Quelques étudiants juifs ont tenté de parler : ils n'ont pas pu. Quand, dans cette même université, on veut organiser une conférence sur le génocide nazi, l'administration l'annule, faute de pouvoir "garantir la sécurité des intervenants". A l'Institut national des télécommunications, un élève reçoit un message où il est traité de "chien juif enragé". L'école, au nom de l'ordre public, choisit de sanctionner au même titre l'offenseur et l'offensé.

A la Sorbonne, dans un amphithéâtre bondé, on célèbre les " martyrs"d'une cause à la complexité de laquelle on n'entend rien. Un étudiant juif prend le micro, il doit finalement le lâcher sous les cris de : "Sors ! Sors ! Sors !"

Nous avons renoncé à comprendre pourquoi la guerre israélo-palestinienne retient, à l'exclusion de la plupart des autres sujets, l'attention des étudiants et des professeurs de France. C'est une mode, certes inspirée par la pitié ou par la solidarité avec le plus faible, mais suspecte parce qu'exclusive. Personne ne songe à s'inquiéter du massacre des chrétiens au Soudan ou au Nigeria, ni de l'occupation du Tibet par la Chine, du Liban par la Syrie, de la Tchétchénie par la Russie. Lorsque les facultés Paris-VI et Grenoble-II ont l'idée de punir des universitaires à cause de leur nationalité, c'est, comme par instinct, vers l'Etat juif qu'elles se tournent. Il n'est pas étonnant que les étudiants juifs aient envie de crier : "S'il vous faut absolument des adversaires pour donner un sens à votre vie, il est temps que vous en trouviez d'autres que les juifs !"

Le conflit du Proche-Orient s'est, en somme, déplacé dans nos universités. Faute de pouvoir vibrer pour une cause qui les touche directement, des étudiants français jouent le rôle des Palestiniens, et aux juifs, malgré eux, revient le rôle des Israéliens : c'est une mauvaise pièce dont le titre pourrait être "L'Intifada des campus".

L'université, parce que, depuis trente-cinq ans, elle a peur d'être tenue pour autoritaire, et parce que la police ne peut y entrer sans l'accord de l'administration, tend à devenir une zone de non-droit. Les plus faibles y sont les victimes de l'ignorance, de la mode et de la force. Le lieu où devrait s'enseigner le sens de l'interdit semble être l'un des seuls où tout est permis. Les étudiants juifs sont seuls.

C'est l'affaire de la République. L'un des innombrables messages électroniques que je pourrais verser au dossier (Internet est devenu l'outil de la haine impunie) s'adresse à un étudiant juif, et se termine par ces mots : "Je t'emmerde, petit Sharon, tout comme les Palestiniens emmerdent ceux qui leur ont piqué leur patrie. Signé : le déraciné qui cherche vainement à quoi s'attacher."

C'est à la République française qu'il revient de donner à ce déraciné quelque chose à quoi il puisse s'attacher. Il est malheureux que tant d'étudiants français se reconnaissent si peu dans leur pays, qu'ils jugent nécessaire, pour exister, d'y importer des guerres étrangères. Nous, les étudiants juifs de France, nous ne voulons pas être la cible de ceux qui, n'ayant plus de racines, empruntent celles des autres. Nous estimons rendre service à notre pays en lui disant, calmement et dignement : "Ça suffit."

 

Les universités signent des motions

Boycott universitaire : la guerre des motions de boycott continue. Créteil vote cet après-midi. Ilana Moryoussef nous sensibilise sur Proche orient.fr

 

Les universités signent des motions

Le Nouvel observateur, semaine du 6 février 2003 dossier antisémitisme cce que l'on n'ose pas dire.

 

Elle n’aurait jamais imaginé cela. A la rentrée de janvier, Marie-Paule Hervieux, prof d’histoire dans un lycée parisien, organise une projection de «Nuit et Brouillard» pour sa classe de terminale économique. Des élèves soupirent, se couvrent les yeux, sabotent le film. Et une jeune fille, 17ans, beurette sans complexe, lui lance: «Y en a marre du ressassement de la souffrance des juifs! Et nous? Et les Palestiniens?»
Le monde de la prof s’est effondré. Passionnée par son métier, organisant des conférences d’anciens déportés, des voyages d’enfants à Auschwitz, elle ne croyait pas que l’on puisse s’abstraire de l’horreur, ni exprimer de l’antisémitisme dans un cours sur la Shoah. Depuis, elle réalise. Qu’une de ses collègues a renoncé à sa projection, parce qu’elle redoutait les réactions des adolescents. Qu’en salle des profs, certains trouvent effectivement qu’elle en fait trop, elle, la non-juive, et que la Shoah n’est plus de mise quand souffrent les Palestiniens.
Marie-Paule Hervieux a rejoint le camp des pessimistes. Celui du collectif de professeurs, qui a publié, en septembre, un livre terrifiant: «les Territoires perdus de la République» (Editions Mille et Une Nuits). Ce livre est né du désarroi d’enseignants en histoire face aux réactions de leurs élèves musulmans, quand était abordée en classe la question du génocide des juifs. Il rassemble des témoignages, des expériences, des citations d’enfants. «On aime bien l’histoire, en ce moment, on fait la Seconde Guerre mondiale, et les juifs en prennent plein la gueule», raconte un élève. Un petit malin vante «l’ingéniosité» des nazis, qui ont trouvé une méthode «pour exterminer le maximum de juifs». Un autre encore: «Hitler, lui, il avait compris.» Ou bien: «Hitler, il aurait fait un bon musulman…»
Plonger dans les collèges de la République est une expérience étrange. On y voit des jeunes gens adorables par ailleurs, des gosses durs mais attachants, que les professeurs voudraient tirer vers la citoyenneté, sortir de cette victimisation dans laquelle ils se complaisent. Transformer ces jeunes, arabes, musulmans, souvent pauvres, forcément humiliés, en individus agissant et parlant pour eux-mêmes. Mais les effets de groupe sont si forts, et si commodes les haines inventées par d’autres. Certains interrogent professeurs et pions pour débusquer les enseignants juifs – et savoir ensuite s’en méfier. D’autres écrivaient «mort aux juifs!», ou «vive Ben Laden! » sur leurs cahiers d’écoliers ou sur les murs après le 11septembre. «Sales juives, on va vous faire la peau, la journée ne se passera pas sans mort», ont lancé en juin dernier des jeunes filles en fleur de Brunoy à des gamines d’un collège juif venues passer le brevet dans leur établissement. A la fin de la journée, une petite juive, rossée, a fini avec une minerve.
On regarde les jeunes, on se fait peur. Puis on se dit que les enfants ne sont pas seuls responsables. Ce sont des adultes qui leur ont transmis leur passion: l’idée que la mémoire de la Shoah serait l’instrument d’Israël pour légitimer l’oppression des Palestiniens a été popularisée par des intellectuels pro-Palestiniens. Et ce sont des adultes qui encouragent la haine par leur lâcheté. Quand Joëlle, prof en banlieue parisienne, s’est effondrée en larmes en pleine classe, après avoir été bombardée de gommes et de règles par des élèves déchaînés et ravis «d’avoir fait l’intifada contre la prof juive», son proviseur a refusé de sévir contre les fauteurs de troubles. C’était une «action collective», a-t-il expliqué, on ne pouvait pas désigner des responsables!
Il y a deux ans, dans un collège des Hauts-de-Seine, un surveillant, salarié de l’Education nationale, musulman en dérive intégriste, sollicitait une jeune prof d’histoire, sur le mode amical, pour lui demander des livres sur le négationisme. Et expliquait aux beurs et beurettes qu’il fallait «éliminer les juifs». Certains d’entre eux, choqués, allèrent voir une médiatrice. Laquelle alerta la principale. «C’est embêtant», dit celle-ci. Elle se contenta d’un vague rapport sur la paresse du pion. On le changea de collège. L’année suivante, il pourrissait l’esprit d’autres enfants.

Claude Askolovitch



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