Bloc-notes

 

Bloc note d'Yvan RIOUFOL 10 septembre 2004

La chronique de Clément Weill-Raynal 21 juin 2004

 

Le bloc-notes d'Ivan Rioufol

Source : Le Figaro, 10 septembre 2004, http://www.lefigaro.fr/debats/20040910.FIG0019.html 
La tentation de la capitulation


L'esprit capitulard. Il se profile, quand des médias français persistent à épargner le terrorisme islamiste, qui a lancé sa guerre contre l'Occident il y a tout juste trois ans. Alors que la Russie vient, à son tour, de connaître son 11 Septembre avec le carnage de Beslan (336 tués, dont la moitié d'enfants), c'est
son président, Vladimir Poutine, qui est mis en accusation cette semaine. José Maria Aznar avait connu semblable sort, après l'attentat d'al-Qaida du 11 mars à Madrid. Pour les faiseurs d'opinion, les coupables sont ceux que le nazislamisme désigne.

En Ossétie du Nord, l'inconcevable : des fanatiques, prétextant du conflit tchétchène, ont pris des centaines d'enfants en otages en priant Allah. Ils les ont terrorisés durant trois jours, puis ont tiré dans le dos de ceux qui fuyaient. Or, c'est à peine si cette barbarie a scandalisé les commentateurs. Mardi, France2 posait la question : «Poutine est-il un criminel de guerre ?», tandis que les bonnes consciences, ignorant tout des circonstances, brodaient autour du «sinistre mépris de la vie humaine dont il (Poutine) fait preuve» (Le Monde).

L'incontestable brutalité du président russe ne peut être comparée à cette inhumanité. Elle dépasse la cause des nationalistes tchétchènes, pour rejoindre la même stratégie fondamentaliste visant à déstabiliser les pays non musulmans ou mécréants, en cherchant à démoraliser leurs opinions publiques. L'horreur de Beslan est à mettre au compte de la troisième guerre mondiale, lancée au nom de l'islam par une idéologie destructrice, qui veut que le Coran domine le monde. Les enfants otages étaient des êtres méprisables car nés chrétiens. Le nazisme raisonnait ainsi.

 

Pourtant, cet islamisme mortifère peut gagner la bataille des idées. Il a déjà convaincu que son expression terroriste pouvait être une réponse aux humiliations et injustices de l'Occident colonisateur. Ce raisonnement a été tenu après le 11 septembre 2001 pour rendre les États-Unis responsables de ce qui leur arrivait. Il est resservi dès qu'une démocratie, non soumise, subit le feu de la guerre sainte. Les pays dernièrement victimes d'attentats ont, tous, été supposés les avoir mérités. Ainsi progresse l'esprit capitulard, né d'une haine de soi, d'une fascination pour l'adversaire et d'une incapacité à discerner l'abject.


En France, aucun des médias pacifistes n'a ouvert le procès du nihilisme islamiste. Tous craignent d'apparaître comme des défenseurs de l'Occident chrétien.

Or, voilà ce que disait l'iman Khomeiny, leader de la révolution islamique iranienne, en 1984 : «Si on laisse un infidèle poursuivre son rôle néfaste de corrupteur sur terre jusqu'à la fin de sa vie, ses souffrances morales iront en augmentant. Si on le tue, et qu'on empêche ainsi l'infidèle de perpétrer ses méfaits, cette mort sera son bien (...) (Nos jeunes gens) savent que tuer l'incroyant est l'une des plus grandes missions de l'homme.» Ne pas résister à la bête immonde ?

Haro sur les démagogues

Cette dernière citation du délicieux Khomeiny est empruntée au livre d'Yves Roucaute, La Puissance de la liberté, qui sort dans une semaine (1). Un ouvrage dans lequel l'auteur s'en prend aux «démagogues» qui intiment l'ordre de haïr les États-Unis avec les nouveaux barbares et de les combattre avec les altermondialistes. Il n'épargne pas non plus «la gauche archaïque qui pullule dans les médias et les universités occidentales». Il la rend responsable de «l'obscurantisme moral» qui interdit de discerner le Mal. Oui, il dit «le Mal» : «un nom qui désigne cette série d'objets étranges qui ne réfléchissent aucune humanité. Et ces objets sont des humains». Roucaute, philosophe et essayiste, fait partie de ces rares auteurs français qui refusent les récitations contre George Bush et qui défendent sa stratégie de la force face au «fascisme musulman» qui menace nos libertés. Il écrit : «Le terrorisme est l'acte d'une volonté mauvaise qui veut détruire la Civilisation. Savante ou ignorante. Et le relativisme qui brouille les cartes est son meilleur allié». Son livre remet les idées en place.

Effusions islamophiles

L'islam de France, on l'a vu, s'est heureusement désolidarisé la semaine dernière de ce terrorisme commis par des extrémistes musulmans. Le conseil national du Culte musulman, mis en place par Nicolas Sarkozy, a également rempli sa mission, en tenant devant l'opinion arabe un discours apaisant sur le voile islamique à l'école. De ce point de vue, il faut admettre que l'ancien ministre de l'Intérieur a eu raison de penser que l'intégrisme de l'UOIF, majoritaire au sein du conseil national, se modérerait au contact direct des responsabilités. Les apparences lui donnent actuellement raison.

Cependant, les dernières effusions islamophiles de l'État laissent une curieuse impression. D'autant que la visite du Pape à Lourdes, en août, a été marquée par la retenue du président de la République, farouche opposant à l'évocation de l'héritage chrétien de l'Europe dans la Constitution européenne. Cette fois, les Français ont pu voir Dominique de Villepin, ministre de l'Intérieur, donner l'accolade à Fouad Alloui, proche des Frères musulmans, et prier à la Mosquée de Paris, tandis que Michel Barnier, ministre des Affaires étrangères, vantait sur la chaîne arabe al-Jeriza ces «milliers et milliers de femmes qui portent le voile librement» dans les rues françaises et saluait «cette grande religion qu'est l'islam».


Le sort de nos deux confrères détenus en Irak mérite naturellement ces marques de bonne volonté. Il ne faudrait pas, néanmoins, que l'islam de France,
qui vient de remplacer notre diplomatie à Bagdad, devienne la référence obligée de la politique intérieure et extérieure et l'acteur privilégié d'une société naturellement tolérante. De ce point de vue, la précipitation mise par Dalil Boubakeur, le président du CFCM, à espérer l'instauration d'«un jour férié pour le culte musulman», en réponse à la mobilisation de sa communauté en faveur de nos deux confrères, a pu laisser entendre que la solidarité musulmane avait un prix, fixé en fonction de ses intérêts propres.

 

L'islam de France, pour l'instant, reste l'islam. Ce qui signifie que les dérives intégristes de cette religion conquérante n'ont pas disparu par la grâce de l'unité nationale contre le chantage. La France peut être, pour les musulmans, la démocratie qui incitera à la réactualisation du Coran. Mais cette modernisation n'interviendra qu'à la condition que la République reste ferme sur la laïcité, mais aussi sur la mixité, l'égalité entre les sexes, la liberté de conscience, etc. Toutes choses que l'islam pourrait se croire dispensé d'appliquer, en exploitant l'indifférence d'une intelligentsia qui ne croit plus en ses propres valeurs.

 

Sujet inabordable

Ce qui ne cesse d'étonner, face à tous ces drames et désordres menés au nom du prophète, c'est la sérénité apparente des hommes politiques français au sujet de l'immigration. Ils ne semblent pas vouloir faire le lien entre la poursuite des flux migratoires et les tentatives d'islamisation d'une communauté qui n'a évidemment pas fini sa croissance démographique. Le sujet est tellement inabordable qu'une personnalité comme Nicolas Sarkozy, qui aime exprimer des vérités, n'en a pas dit un mot le week-end dernier à Avoriaz, au cours de l'université d'été des jeunes de l'UMP, devant lesquels il a présenté les grandes lignes de son programme de futur président du parti. La plupart des grands pays européens ont mené une réflexion sur cette question et ont pris des mesures de restriction. Serait-ce indigne de la France de s'inquiéter de son avenir ?


Victoire du communautarisme rose

Si le communautarisme musulman semble faire marche arrière dans les écoles publiques sur la question du voile – mais cela reste à confirmer – le communautarisme homosexuel, lui, vient d'enregistrer une victoire passée inaperçue. L'association SOS homophobie a reçu l'agrément de l'académie de Versailles pour présenter, dans les collèges et lycées, son module de «prévention et de sensibilisation à l'homophobie». Estimant que, ces derniers mois, de nombreux homosexuels ont été agressés «en toute impunité», l'association estime que «ces agressions démontrent qu'une loi pénalisant les propos et actes homophobes est plus que jamais nécessaire».

L'association SOS homophobie entend traquer «l'homophobie et la lesbophobie» dans les programmes scolaires, qu'elle veut plus ouverts à la sexualité. Elle réclame, dans son module, une «révision des programmes», afin par exemple d'éclairer le rôle des féministes et des lesbiennes dans les grands mouvements contestataires ou de rappeler «la distinction fondamentale entre pédérastie et homosexualité» dans l'étude, au collège, de la citoyenneté en Grèce classique ! Plus précisément, ce groupe de pression entend dénoncer l'homophobie jusque dans la critique du mariage homosexuel.

Le plus incompréhensible est que François Fillon, ministre de l'Éducation, vient de déclarer son intention de recentrer l'école sur «la lecture, la dictée, la récitation, la rédaction». Aussi sa décision d'autoriser une telle association militante jette-t-elle un doute sur la cohérence de sa politique.


Le maïs et le loup

L'absurdité des écologistes. Alors même qu'ils se mobilisent à nouveau contre les organismes génétiquement modifiés et appellent les «faucheurs volontaires» à raser des parcelles de maïs transgénique, en voici d'autres qui protestent contre l'extension de l'arrêté antiloup du gouvernement, qui élargit les territoires sur lesquels les loups, dévoreurs de troupeaux, peuvent être abattus en nombre limité. Ce qui signifie, dans l'univers mental des ayatollahs verts, qu'une plante transgénique présente plus de danger qu'une bête sauvage. Et il faudrait les prendre au sérieux...

L'appel à la générosité des lecteurs, lancé ici le 9 juillet pour aider le professeur Louis Chagnon à régler ses frais de justice dans son procès en diffamation engagé par lui contre le Mrap et la Ligue des droits de l'homme, a rapporté à ce jour 5 810 euros, pour des frais évalués actuellement (mais la procédure n'est pas terminée) à 6 100 euros. Des chèques libellés à l'ordre de Louis Chagnon peuvent être adressés à : Louis Chagnon, BP 19, 94001, Créteil Cedex.

 

Ivan Rioufol

(1) Yves Roucaute, La Puissance de la liberté, PUF.

 

La chronique de Clément Weill-Raynal

Source : RCJ, 21 juin 2004

Edwy Plenel, le directeur de la rédaction du Monde, a fait part ce week-end, dans le supplément hebdomadaire du journal, de son inquiétude à la suite de la profanation de tombes juives en Alsace et plus généralement après la multiplication des incidents racistes et antisémites en France.

Avec, nous n'en doutons pas un seul instant, la meilleure bonne foi, Edwy Plenel insiste sur la gravité du phénomène qui est en train de se développer sous

nos yeux. « Les juifs de France s'alarment », écrit Plenel « et nous n'avons pas su en prendre toute la mesure. Les juifs savent eux que la profanation des

tombes est un meurtre symbolique. Ils savent que si l'on n'y prend garde, ces profanations annoncent des temps barbares, de violence et de mort. S'en prendre aux sépultures, c'est signifier que les juifs morts ou vivants n'appartiennent pas à l'humanité, c'est leur signifier qu'ils n'ont pas droit au monde, qu'ils

ont tort d'exister ». On ne peut que souscrire. Mais au fait, qui donc récemment a accusé les juifs d'inhumanité, qui donc leur a reproché d'exister pour ce

qu'ils sont ?

Pour répondre à cette question, et sans le moindre mauvais esprit, je ne peut m'empêcher de relire la tribune signée par Edgar Morin, Danièle Sallenave et

Sami Naïr, publiée dans le journal Le Monde, il y a deux ans, le 3 juin 2002. Dans cette tribune, consacrée au conflit israélo-palestinien, Morin, Sallenave

et Naïr accusaient tout d'abord les juifs de racisme. « Le peuple élu agit comme la race supérieure » écrivaient les signataires avec l'imprimatur d'Edwy

Plenel. Plus loin les auteurs de la tribune se lâchaient encore un peu plus : « les juifs qui furent longtemps humiliés, méprisés et persécutés, humilient, mépri-

sent et persécutent les Palestiniens. Les juifs longtemps victimes de l'inhumanité, montrent aujourd'hui une terrible inhumanité ». Ecrivaient en juin 2002

Morin Sallenave et Naïr dans les colonnes du Monde. Il ne s'agissait pas d'une critique de la politique d'Ariel Sharon mais bien d'une accusation formulée à l'encontre des juifs : celle de l'inhumanité, ce qui est une manière de laisser entendre qu'il n'appartienne plus tout à fait au genre humain.

Poursuivis devant les tribunaux par quelques associations juives, Edgar Morin a été le mois dernier relaxé par la justice française qui a estimé que les propos tenus dans Le Monde étaient parfaitement licites dès lors qu'ils s'inscrivent dans le contexte du proche orient.

Aujourd'hui Edwy Plenel, le patron du monde, après avoir soufflé sur les braises, crie au feu et s'interroge pour savoir qui a allumé l'incendie.

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

RETOUR A LA PAGE INFO OU INTOX