Mise à jour du 1er novembre 2004

Les écarts entre juifs et Arabes

 

Les écarts entre Juifs et Arabes en Israël (ce qu on ne lit nulle part!!)

Source : l'auteur le professeur Amnon Rubinstein fut ministre de l'éducation nationale (1993-1996) et un des dirigeants du parti de gauche Meretz. Il est aujourd'hui doyen de la Faculté de droit du Centre universitaire interdisciplinaire d'Herzlya.

Les écarts entre Juifs et Arabes en Israël

Arabes chrétiens et musulmans

Les écarts entre Juifs et Arabes en Israël dans le domaine de l'éducation

Mortalité infantile et espérance de vie

Conclusion

 

Parmi les accusations et les vociférations contre Israël, il en est une qui ne concerne pas l¹occupation des Territoires et le traitement des Palestiniens, mais qui met en cause l¹État juif pour le traitement de ses propres citoyens arabes. Cette accusation, qui a connu son sommet lors de l'ignoble Conférence de Durban, est devenue courante et inclut un large éventail qui va de l¹accusation de discrimination anti-arabe rampante à la définition d¹Israël comme régime d¹apartheid. Elle est désormais si répandue qu'elle est devenue un vrai truisme, qui ne se discute même plus. Occupons-nous donc de ce truisme.

 

Les écarts entre Juifs et Arabes en Israël

Les Arabes d'Israël jouissent de l'égalité des droits politiques et sont exemptés des obligations militaires. Mais leur communauté souffre d'allocations budgétaires réduites, d¹une représentation modeste dans les organismes publics et d'un revenu moyen inférieur à celui des Juifs. Par-dessus tout, il y a une sensation d'aliénation totale, sinon d'animosité, entre les deux communautés. Ces réalités ne souffrent aucune discussion, et elles exigent un immense effort national pour abolir ces écarts, même si l'on considère le fait que nous traitons d¹une minorité qui appartient, et s'identifie, à la majorité arabe hostile au sein de laquelle vit Israël. D'ailleurs, ces dernières années, et particulièrement depuis qu'Arafat a lancé sa campagne terroriste contre Israël, certains députés arabes de la Knesset n¹ont manqué aucune occasion de dénoncer l'existence même d'Israël.

 

Mais le fait important ­ et généralement ignoré ­ est que, malgré la détérioration des relations, les écarts entre Juifs et Arabes sont dans une large mesure hérités du Mandat britannique et que, ce qui est plus significatif, ils sont en phase de réduction de façon spectaculaire sous l'administration israélienne. Ceci est certainement clair pour deux paramètres décisifs : la santé et l'éducation.

 

Arabes chrétiens et musulmans

Nous devons noter que, en étudiant ces écarts, il faut opérer une distinction entre Arabes chrétiens et musulmans. Les Chrétiens forment en Israël une minorité petite mais significative : 2% de la population globale, 9% de la population arabe. Deux faits à propos de cette minorité sont peu connus. Le premier : de tous les pays du Proche-Orient? (le Liban excepté), Israël a proportionnellement la minorité chrétienne la plus importante. Le second : ce groupe a atteint les succès les plus impressionnants dans les domaines de l'éducation et de la santé.

 

De 34 000 membres en 1960, la population arabe chrétienne en Israël a constamment augmenté, pour atteindre 110 000 âmes en 2000. Ceci dit, comme les Chrétiens ont un taux de fécondité inférieur à celui des Musulmans, et qu'ils n'ont pas d'immigration comme les Juifs, leur proportion dans la population a décliné. Entre 1967 et 2001, la population chrétienne d'Israël a augmenté de 1,8% par an, contre 4,4% pour la population musulmane. Alors qu'ils constituaient 21% de la population arabe dans les années 50, ils en représentent moins de 10% aujourd'hui.

 

C'est cependant ce même facteur ­ la petite taille des familles ­ qui est probablement la cause des extraordinaires succès de cette minorité. La mortalité infantile parmi les Arabes chrétiens dans la période 1996-1999 a été de 4,9 pour mille, contre 9,5 pour mille chez les Musulmans et 4,8 pour mille chez les Juifs. Cette tendance s'est poursuivie, et en 2001 elle a donné un des taux les plus bas au monde : 2,6 pour mille, comme en Scandinavie et au Japon.

 

Dans le domaine de l'éducation, les Chrétiens sont les premiers de la classe. Ils arrivent à l'université dans une proportion de 323 pour mille (pour ceux qui sont nés entre 1965 et 1969), comparés à 108 pour mille chez les Musulmans et les Druzes; la moyenne nationale est de 131 pour mille. Alors que la proportion des Arabes chrétiens dans l¹ensemble de la minorité 

arabe est de 9%, ils constituent plus d¹un quart de la main d'oeuvre arabe, en raison du taux plus élevé de femmes au travail.

Nous voyons donc que l'argument selon lequel Israël traiterait de manière raciste ses citoyens arabes, et serait un État d'apartheid, ne tient pas. Certes, il subsiste des discriminations dans les allocations budgétaires, et les Arabes sont encore sous-représentés dans les organismes commerciaux, publics et gouvernementaux; mais il apparaît clairement que d'autres 

facteurs, comme la famille et les autorités locales, ont une part de responsabilité dans les importants écarts entre Juifs et Arabes en Israël.

 

Les écarts entre Juifs et Arabes en Israël dans le domaine de l'éducation

Il est impossible de traiter de ce sujet sans considérer le système éducatif dont nous avons hérité à l'indépendance d'Israël. On ne peut, du jour au lendemain, combler les retards en ce domaine : le rappel historique a donc son importance.

Le huitième et dernier recueil statistique annuel publié par le gouvernement mandataire en Palestine britannique, en 1943-1944, indique qu'il y avait à ce moment 204 000 enfants scolarisés : environ 100 000 Juifs et 105 000 Arabes, pour la plupart chrétiens. Le pourcentage des enfants scolarisés à cette époque était de 90 à 100% parmi les Juifs et les chrétiens, mais 35% seulement parmi les Musulmans. Une explication donnée par les autorités britanniques à cette énorme différence était que sous l'administration turco-ottomane les Musulmans dépendaient du système public d'enseignement, et que le gouvernement mandataire britannique n¹avait pas été capable «malgré ses efforts depuis l'occupation c'est-à-dire, l'occupation de la Palestine par la Grande-Bretagne de répondre à la demande publique de scolarisation». La seconde explication était que «la période de scolarisation des Musulmans est plus courte que dans les communautés juive et chrétienne.» De plus, «la demande pour l'éducation des filles dans les villages musulmans, même si elle est en hausse, est relativement modeste. Dans tous les villages musulmans, les habitants veulent d'abord assurer la scolarisation des garçons.» 

 

Les autorités mandataires estimaient alors le pourcentage des enfants arabes scolarisés dans les écoles gouvernementales à 85% des garçons et 60% des filles dans les villes, pour 60% et 7% respectivement dans les villages. Dans les écoles musulmanes non-gouvernementales, les estimations étaient plus basses encore. À la fin de l'année scolaire 1943-1944, sur une 

population arabe de plus d¹un million d¹âmes, seuls 958 étudiants, dont 190 filles, suivaient les cours d¹un lycée. En juillet 1943, 160 étudiants passèrent les examens du baccalauréat : 47 en hébreu, 78 en arabe et 35 en anglais.

 

On a là le portrait d'un système éducatif extrêmement faible. Et encore, même de cela Israël n'a pas hérité, dans la mesure où l'intelligentsia urbaine arabe a fui ou a été contrainte à l¹exil pendant la guerre d'Indépendance de 1948-1949. Israël a hérité d'une «terre brûlée» dans le domaine de l'éducation arabe musulmane, pratiquement sans enseignants ni étudiants.

 

Depuis, des progrès énormes ont été accomplis. Aujourd'hui, les Arabes israéliens ne comparent leur situation ni à celle du Mandat ni à celle des pays arabes. Car le point le plus intéressant est que non seulement les deux secteurs, juif et arabe, ont progressé rapidement, mais que les écarts entre eux ont diminué de façon spectaculaire.

Sous le Mandat, le rapport entre enfants juifs et arabes dans les écoles primaires était de 3 pour 1 chez les garçons et de 15 pour une chez les filles. En 2001, l'écart était de moins de 1% dans la tranche d¹âge des 6-13 ans (il est encore de 17% dans celle des 14-17 ans). La révolution la plus frappante concerne les filles : l'écart dans la scolarisation des 14-17 ans n'est plus que de 10%.

 

On voit donc que sous l¹administration israélienne, et malgré des discriminations budgétaires qui ont perduré jusqu¹au milieu des années 90, l'écart entre Juifs et Musulmans dans le domaine de l'éducation s'est résorbé à un rythme sans pareil, grâce à l'établissement d¹un système éducationnel moderne dans le secteur arabe, et aussi grâce à la soif d'apprendre qui s'y est manifestée, y compris dans le secteur rural.

 

Voyons au passage les résultats enregistrés dans d¹autres pays. En France, à peine 4% des enfants d¹immigrés vont à l'université, contre 25% des enfants des Français «de souche» (The Economist, novembre 2002). Sachant que la moitié des immigrés en France sont musulmans, on peut déduire que la proportion d'enfants d'immigrés arabes et musulmans dans les universités françaises est inférieure à 4%. Le rapport entre étudiants immigrés d'origine musulmane et étudiants français «de souche» doit donc être plus grand que celui de 1 à 6 donné par The Economist.

 

Voilà une information riche d'enseignements. La France est connue pour être «la République de tous ses citoyens», un modèle d'égalité des droits sans distinction de religion ou de race; elle est souvent présentée comme l'opposé du modèle d¹Israël en tant qu'État juif. Comment donc un écart pareil peut-il exister dans un pays qui appartient à tous ses citoyens, et où l'enseignement universitaire est gratuit? En Israël, malgré un âpre conflit national, le rapport entre le nombre des étudiants juifs et arabes admis dans les universités est de 3 pour 1; l'écart est donc deux fois plus petit que l'écart équivalent en France.

 

Passons à la Grande-Bretagne? Ce pays reconnaît le multiculturalisme et a un système éducatif à la fois avancé et intégré. Pourtant, les résultats n'y sont pas meilleurs. Dans le recensement de 2001, les résultats des examens de la classe d¹âge des 16 ans sont donnés par origine ethnique. Au sommet, les élèves blancs et d'origine indienne, avec un taux de succès de 45 à 49%. Au bas de la pyramide, les deux communautés musulmanes ­ originaires du Pakistan et du Bangladesh ­, avec seulement 22% de succès. (Pour les filles, le taux est un peu plus élevé mais on note les mêmes différences ethniques.) Les résultats sont encore plus dramatiques dans les examens d'entrée aux universités : les données de 1991 pour Birmingham, par exemple, montrent que seuls 5 à 7% des candidats originaires des deux communautés musulmanes les ont réussis.

 

En Israël, l'écart entre Juifs et Musulmans est bien plus réduit : le rapport est de 5 pour 4 dans ces examens d'accès à l'enseignement supérieur. La différence est, certes, qu'en Israël les Arabes sont une minorité autochtone, tandis qu'en France et en Grande-Bretagne il s'agit de communautés immigrées. Mais, dans le cas d'Israël, les écarts se réduisent à un rythme assez impressionnant, alors que dans les deux pays évoqués plus haut on ne voit aucun signe annonciateur d¹une évolution semblable.

Mortalité infantile et espérance de vie

La mortalité infantile selon le rapport des autorités mandataires britanniques pour 1943-1944, évoqué plus haut, était de 10% pour les Arabes musulmans, 7% pour les Arabes chrétiens et 3,5% pour les Juifs. Quant aux décès d'enfants jusqu'à 5 ans, ils atteignaient le taux de 21% parmi les Arabes musulmans, 10% parmi les Arabes chrétiens et 4,5% parmi les Juifs. Dans l'Israël indépendant, non seulement ces taux ont été spectaculairement réduits, mais encore les écarts entre Juifs et Arabes se sont constamment résorbés. Ainsi le taux de mortalité infantile était-il en 2001 de 0,41% chez les Juifs, 0,82% chez les Musulmans et 0,2% chez les Chrétiens. Plus frappants encore sont les chiffres pour la tranche d'âge 0-5 ans : le taux parmi les Arabes musulmans est tombé de 21% en 1943-1944 à 0,5% en 2001.

 

Ces chiffres spectaculaires et sans précédent, inconnus du grand public, réfutent bien des allégations contre Israël. Un rapport de 1995 de l'Organisation internationale des Migrations montre que les taux de morts à la naissance en France étaient de 8 pour mille pour les Français «de souche», et de 31 pour mille pour les immigrés arabes nord-africains (Social Science and Medicine, vol. 41, pp. 819-828). Même dans les pays les plus riches, l'écart dans les taux de mortalité infantile entre majorité et minorités est élevé. En Suisse, ce taux est de 8,2 et 12,3 pour mille chez les Suisses et chez les immigrés turcs, respectivement. En Grande-Bretagne, entre Britanniques et Pakistanais, l'écart est de 7,8 contre 15,6 pour mille. Pire encore : aux États-Unis, le taux de mortalité infantile est de 8,5 pour mille chez les Blancs et de 21,3 pour mille chez les Noirs.

 

La tendance est la même pour l'espérance de vie. Ici aussi, l'écart entre les chiffres des Juifs et des Arabes israéliens se réduit à grande vitesse. Dans les années 1980-1984, il était de 2,3 ans; en 1995-1999, de 2,1 ans (76,5 ans pour les Juifs mâles, 74,4 pour les Arabes). Les Arabes israéliens, aussi surprenant que cela puisse paraître, ont une espérance de vie supérieure à la plupart des hommes en Europe. Selon les dernières données de l'OMS, l'espérance de vie en Europe était pour les hommes de 69,6 ans. Celle des hommes arabes en Israël est, on l'a vu, de 74,4 ans, très proche de celle des Allemands (74,9 ans) et des Britanniques (75,6 ans).

 

Ces chiffres montrent que le bilan d'Israël est loin d'être négligeable, en considérant de surcroît que c'est un pays moins riche que ceux mentionnés plus haut et qu'il connaît un conflit national entre la majorité de sa population et la minorité. De fait, si un fossé se creuse c'est celui séparant les Juifs en Israël et les Musulmans dans les pays musulmans, alors que l'écart entre Juifs et Musulmans dans l'État juif assiégé se réduit sans cesse, malgré le conflit qui perdure. Ceci est extrêmement important à long terme, bien qu'il reste des écarts à combler, et que l'État d'Israël doive s'employer à réduire toutes les fractures entre les divers secteurs de sa société, et en particulier entre Juifs et Arabes. Mais quand Israël est critiqué et dénoncé comme un État d'apartheid, ces résultats doivent être mis en évidence : ils montrent une réalité complexe et très différente des discours mensongers qui sont à la mode.

 

Le paradoxe est là : alors que la polarisation politique entre Juifs et Arabes en Israël s'est aggravée ­ particulièrement, bien entendu, à cause de la guerre avec les Palestiniens ­, les écarts sociaux, eux, se sont réduits, notamment dans les domaines de l'éducation et de la santé. Même les censeurs les plus véhéments d'Israël ne peuvent ignorer cela.

 

Conclusion

Nous avons vu qu'Israël avait hérité du Mandat britannique en Palestine des écarts impressionnants entre Juifs et Arabes (particulièrement musulmans), pour tout ce qui touche à l'éducation et à la santé. D'une façon générale, on peut montrer également qu'en termes de consommation et d'équipements les disparités entre les communautés se réduisent elles aussi. 

Cette évolution s'est réalisée alors que les Arabes israéliens étaient victimes de deux sortes de discriminations. Jusqu'aux années 90, les écoles arabes recevaient moins d'allocations pour leurs écoles; cette scandaleuse discrimination institutionnelle a été abolie sous le gouvernement Rabin (1992-1995). D'autre part, dans le domaine de la santé, beaucoup d¹Arabes, surtout des enfants, n'avaient pas d'assurance-maladie, jusqu'à ce que le même gouvernement Rabin fasse adopter une loi d'assurance-maladie nationale instaurant l'égalité totale de tous les Israéliens. On peut considérer que ces deux mesures contribueront à réduire encore les disparités entre Juifs et Arabes.

 

Ce processus ne se concrétisera pas sans une certaine aide des Arabes israéliens eux-mêmes ­ en particulier par le non-retrait des enfants des lycées, par l'envoi d'un plus grand nombre d'enfants dans les classes maternelles et par l'abolition des mariages consanguins, qui sont selon le ministère de la santé la première cause de mortalité infantile parmi les Arabes musulmans. Seul un effort commun ­ c'est-à-dire une politique gouvernementale d'égalité budgétaire et un changement dans les attitudes traditionnelles des communautés musulmanes, y compris parmi les Bédouins du Néguev, dont l'échec majeur dans le domaine de l'éducation est lié à un taux de fécondité qui est le plus élevé au monde ­ peut créer une égalité totale entre Juifs et Arabes en Israël. Cette égalité est essentielle pour Israël en raison de l'hostilité et du conflit national entre les deux communautés, qui s'est notablement exacerbé depuis le début de ce qu'on appelle «l'Intifada d'Al-Aqsa». Car, derrière ces chiffres, il y a des peurs réciproques et des sentiments mutuels d'animosité et de frustration. Les Juifs d'Israël regardent l'importante communauté arabe avec crainte et anxiété. Ils entendent les députés arabes à la Knesset proférer des menaces directes contre leur existence nationale, et se considèrent comme une minorité menacée. C'est ainsi que le député Talab a-Sana (Liste Arabe Unie) a publié en juillet 2001 une déclaration évoquant la teneur de la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU (de 1975) qui déclarait que «le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale», résolution qui fut révoquée en 1991. Ce député a déclaré que le sionisme est «dans son essence même raciste et colonialiste» et que ce racisme disparaîtra du pays «exactement comme les Turcs et les Anglais ont disparu».

 

Pour leur part, les Arabes israéliens ont de nombreuses revendications contre les injustices que l¹État juif leur inflige, et il est tout à fait vrai qu'ils sont économiquement en difficulté et discriminés dans l'emploi, l'allocation de ressources et la participation aux organismes publics et gouvernementaux (bien que la Knesset ait voté deux lois instaurant une «préférence correctrice» en faveur des Arabes dans le service de l¹État et les conseils d'administration des organismes gouvernementaux). Ces récriminations mutuelles ne disparaîtront pas facilement. Malgré cela, il est remarquable qu¹alors qu¹Israël et les pays arabes vivent sur deux planètes différentes et que ce qui les sépare va croissant, à l'intérieur de l'État juif se déroule un processus opposé.

 

De plus, même si c'est difficile à mesurer, il y a de nombreuses indications que les normes démocratiques d'Israël commencent à ébranler la forteresse des communautés musulmanes traditionnelles, conservatrices et religieuses. On ne doit pas en exagérer l'importance, mais on soulignera par exemple le phénomène des groupes féministes arabes israéliens, qui ont réussi à convaincre la Knesset d'amender la loi de manière que des femmes musulmanes puissent poursuivre leur mari devant une cour civile et non plus religieuse (Charia). Les «crimes pour l'honneur de la famille» existent toujours, mais leur nombre a été réduit de manière radicale. On a la sensation d'un discret mouvement de réforme parmi les Arabes israéliens, caché bien sûr par 

l'élément nationaliste, mais actif quand même sous la surface. Les Arabes israéliens jouissent d'une presse libre et dégagée de toute entrave, la seule presse arabe libre de la région. Certes, elle use naturellement de sa liberté pour critiquer sévèrement Israël; mais maintenant qu'elle a goûté à cette liberté, elle n'y renoncera pas sur d'autres sujets non plus.

 

Y a-t-il une chance que ce processus fragile se répande sur tout le Proche-Orient?, une fois que le miracle de la paix se sera produit et que le monde arabe dans son ensemble procédera aux réformes démocratiques, économiques et sociales dont il a tant besoin? On voudrait être optimiste. Mais cette vision semble, au contraire, séloigner. Tout ce qui est lié à Israël et à l'Occident restera anathème pour de longues années encore. Seuls les dirigeants et les peuples arabes seront à même de reproduire à grande échelle ce qui a été accompli en Israël à un niveau certes plus réduit et partiel, mais néanmoins très impressionnant.

 

 

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